Summary: | Même si "l'homme fait de la métaphysique comme il respire" (Meyerson), il est devenu presque naturel de considérer que c'est aux sciences de nous dire de quoi le monde est fait et, partant, ce qu'il est. La métaphysique, quant à elle, ne pourrait rien nous apprendre de la réalité objective : au mieux peut-elle nous informer sur certains traits nécessaires de ce que nous pensons à son sujet. Aussi, réfléchir aux relations entre la métaphysique et les sciences, est-ce assurément évoquer leurs liens tendus tout au long de l'histoire et donc le bien fondé, pour l'une comme pour l'autre, de certains rappels à l'ordre. C'est suggérer ensuite, pour éviter scientisme et apriorisme, quelques règles simples de bonne conduite. C'est parier enfin, du moins si l'on veut écarter un idéalisme qui menace pareillement savants et métaphysiciens, sur la double possibilité du réalisme scientifique comme tel et d'une métaphysique scientifique capable de nous dire, sans rien avoir à envier aux sciences, ce qui est vrai, certes, de ce que nous pensons de la réalité, mais aussi et surtout de la réalité en soi (Lowe). Tels sont les enjeux majeurs qui se posent aujourd'hui non seulement au philosophe et à l'historien des sciences et au métaphysicien (au sens traditionnel que l'on est habitué à donner à ces termes en France), mais au philosophe tout court, auquel incidemment certains problèmes cruciaux touchant au langage, à la connaissance ou encore à l'éthique ne devraient jamais apparaître, à plus ou moins long terme, comme absolument étrangers.
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